lundi 22 juillet 2013

Transition énergétique et mobilité

Dans la feuille de route pour la transition énergétique, les attentes envers l’efficacité et la sobriété énergétiques sont extrêmement fortes. C’est ainsi que dans le cadre du débat national sur la transition énergétique, l’un des groupes de travail a eu pour mission de s’y intéresser et de proposer des mesures prioritaires dans chacun des grands secteurs : bâtiment, électricité spécifique, mobilité, industrie, agriculture. Leurs travaux ont ensuite alimenté les recommandations finales du débat sur la transition énergétique.

Avant de faire des préconisations, le groupe de travail a souhaité se rapprocher des experts qui ont analysé les trajectoires de demande en énergie et la répartition sectorielle de l’effort en fonction de scénarios compatibles avec le cadre du débat (en pratique, ceux respectant une division par 4 des émissions de gaz à effet de serre en 2050) et fournissant une information détaillée de l’évolution de la demande dans tous les secteurs. Ces scénarios sont ceux de NégaWatt de 2011, de l'Ademe de 2011 et de la Direction générale de l'Energie et du Climat (DGEC) facteur 4 de 2010. Afin de disposer d’une base de comparaison, le scénario de la DGEC AME pour applications des mesures existantes, portant également sur les 3 années 2010-2020-2030, a été retenu comme scénario de référence. Leur caractéristique majeure est de supposer une division par 2 (en ordre de grandeur) de la demande d’énergie finale en 2050 exprimée en TWh.
 
 
Concernant le secteur des transports, en 2020, les 3 scénarios DGEC-F4, Ademe 2030 et NégaWatt sont tous très proches, la demande d’énergie finale devrait tendre vers 460 TWh. En 2030, les écarts s’intensifient nettement : les consommations dans les scénarios DGEC-F4 et Ademe2030 restent assez proches, le scénario NégaWatt, étant quant à lui à un niveau nettement plus bas. En 2050, les 2 scénarios Ademe2050 et NégaWatt aboutissent à une valeur très proche à 4 % près, avec un facteur de réduction de 2,94 et 2,93 par rapport à leur point de départ respectif 2010. Pour atteindre cet objectif, les membres du conseil national du débat sur la transition énergétique ont recommandé la mise en place d’un certain nombre de mesures dans le domaine de la mobilité des personnes pour répondre aux principaux enjeux mis en évidence : réduction des distances, transfert modal, efficacité énergétique des déplacements, maintien et création d’infrastructures.
 

Des mesures préconisées pour la réduction des distances
 
Une proposition identifiée prioritaire est la possibilité d’agir sur la diminution des distances quotidiennes à parcourir grâce aux politiques d’urbanisme. Une des mesures préconisées est de permettre aux collectivités de moduler localement les aides au logement. Pour cela, il s’agirait, dans les SCoT ou les PLU, de définir des secteurs pour lesquels les aides (exemple du prêt à taux zéro PTZ+) seraient accordées ou plus importantes que dans d’autres zones, en fonction de critères de desserte par les transports en commun, de proximité aux services et/ou de mixité sociale.

Les politiques d’aménagement du territoire doivent contribuer à la densification des villes et des zones voisines des axes de transports, mais aussi au maintien de population grâce au développement d’activités, d’infrastructures très haut débit et de services dans les zones peu denses.


Des mesures préconisées pour le transfert modal

  
-    Sensibiliser, inciter, accompagner pour faire évoluer les usagers vers d’autres pratiques de mobilité ou de consommation tels que l’usage de véhicules partagés, location plutôt qu’achat de véhicules, locaux mutualisés…
-    Mise à la disposition du public d’un réseau de transports en commun de qualité, exploité dans une logique de service public, selon une tarification adaptée notamment pour les ménages les plus modestes.
-    Développement de l’intermodalité(1)  et de la multimodalité (2), grâce à la diffusion d’une information intermodale de qualité et d’une carte de navigation unique pour les différents modes de déplacements, pour que chacun puisse définir sa « stratégie personnelle de mobilité ».
-    Généraliser les plans de déplacements entreprise et les rendre obligatoires pour l’ensemble des entreprises ou des zones industrielles au de-là d’un certain seuil.
-    Définir des quotas de voies cyclables en ville.
-    Faire évoluer l’organisation du travail : développer le télétravail, les visioconférences…
-    Lancer un programme national « 2 personnes par voiture » en encourageant le développement des services de voitures partagées. 


Des mesures préconisées pour augmenter l’efficacité énergétique des déplacements

 
 -    Limiter, après étude d’impact, les vitesses sur les autoroutes (130 à 120 ou 110 km/h), les routes (de 90 à 80 km/h) et en ville (de 50 à 30km/h) sur 80 % de la superficie des zones urbaines, et 50 km/h sur leur partie la moins centrale.
-    Fixer un objectif de 60g CO2/km en 2025 en matière de réglementation des véhicules particuliers.
-    Favoriser le déploiement des véhicules électriques, avec un objectif d’atteindre 10 % de déplacements dans ces véhicules à l’horizon 2030, et des véhicules au gaz (en augmentant la part de gaz d’origine renouvelable).

Des mesures préconisées dans le domaine des infrastructures

 
-    Optimiser l’utilisation des infrastructures de transport existantes, les rénover, les moderniser et les entretenir.
-    Orienter les investissements au profit d’infrastructures qui contribuent à la transition énergétique.
-    Prendre en compte les coûts externes (pollution, bruit, consommation d’espace urbain) des différents modes de transport notamment au moment de l’achat ou de la décision de création d’une nouvelle infrastructure.



(1) L'ntermodalité consiste à combiner plusieurs modes de transports sur un même trajet.
(2) La multimodalité désigne l'existence de plusieurs modes de transport différents entre deux lieux.


Liens utiles :
Site de la transition énergétique
Article sur www.arehn.info : Synthèse des travaux du débat national